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Les droits du travailleur en cas de suspension du contrat de travail en droit ivoirien

Lorsqu’un contrat de travail est suspendu, cela signifie que certaines obligations entre l’employeur et le salarié sont temporairement mises en pause. Cependant, cette suspension ne met pas fin à la relation de travail. Le salarié conserve des droits spécifiques en fonction de la cause de la suspension. Nous vous expliquons tout !

La suspension du contrat de travail peut se produire pour diverses raisons, telles que le chômage technique, la maladie, le service militaire, ou encore des permissions exceptionnelles. Pendant cette période :

  • Le salarié cesse de travailler temporairement.
  • L’employeur peut, dans certains cas, suspendre le salaire.
  • Le lien contractuel reste en vigueur, et les deux parties reprennent leurs obligations une fois la suspension terminée.

Cependant, la loi ivoirienne garantit au salarié plusieurs droits de base, qui varient en fonction de la cause de la suspension.

A. En cas de chômage technique

Le chômage technique survient lorsque l’entreprise traverse des difficultés économiques ou une baisse d’activité. Voici les droits du salarié dans ce cas :

  • Accord préalable du salarié :
    • Avant de mettre un salarié en chômage technique, l’employeur doit obtenir son accord.
    • Si le salarié refuse cette mesure ou son prolongement au-delà de deux mois dans une période de douze mois, il peut choisir de mettre fin à son contrat.
    • Cette rupture est alors considérée comme un licenciement imputable à l’employeur, ce qui donne droit à des indemnités de licenciement.
  • Prise en compte de l’ancienneté :
    • La période de chômage technique est intégrée dans le calcul de l’ancienneté du salarié. Cette ancienneté est importante pour déterminer les droits futurs, tels que les indemnités de licenciement, de congés payés, ou de préavis.

B. En cas de service militaire

Si le salarié est mobilisé pour effectuer son service militaire, il bénéficie des droits suivants :

  • Indemnité pendant la durée de l’absence :
    • L’employeur est tenu de verser au salarié une indemnité équivalente à son salaire normal.
    • Cette indemnité est limitée à la durée du préavis prévu dans le contrat de travail.
  • Conservation du poste :
    • À la fin de son service militaire, le salarié peut réintégrer son poste ou un poste équivalent dans l’entreprise.

C. En cas de maladie ou d’accident

Lorsqu’un salarié tombe malade ou est victime d’un accident, la loi prévoit des droits spécifiques pour protéger ses intérêts :

  • Indemnité compensatoire :
    • Le salarié perçoit une indemnité égale à son salaire pendant la durée de son absence, mais uniquement dans la limite du préavis prévu par son contrat.
  • Protection contre le licenciement abusif :
    • L’employeur ne peut pas licencier un salarié en raison de sa maladie, sauf si celle-ci se prolonge au-delà d’une durée raisonnable ou rend impossible la reprise du travail.

D. En cas de permissions exceptionnelles

Les permissions exceptionnelles sont des autorisations d’absence accordées pour des événements familiaux importants (naissance, mariage, décès, déménagement, etc.). Les droits du salarié dans ces cas sont les suivants :

  • Pas de retenue de salaire :
    • Le salarié conserve son salaire pendant cette période, à condition que l’employeur ait donné son accord préalable.
    • Si le salarié n’a pas obtenu d’autorisation préalable, il doit justifier son absence dans un délai de 15 jours suivant l’événement.
  • Durée de la permission :
    • La durée de ces permissions est généralement précisée dans le contrat ou dans une convention collective.

Indépendamment de la cause de la suspension, certains droits fondamentaux sont garantis au salarié :

  • Conservation des droits acquis :
    • Le salarié conserve ses droits acquis avant la suspension, notamment en matière d’ancienneté.
    • L’ancienneté accumulée avant la suspension est prise en compte pour le calcul des indemnités de licenciement, des congés payés, ou du préavis.
  • Retour au poste :
    • Une fois la cause de la suspension levée, le salarié a le droit de retrouver son poste ou un poste équivalent avec les mêmes conditions de travail.

Si l’employeur ne respecte pas les droits du salarié pendant la suspension du contrat, ce dernier peut engager des démarches légales :

  • Recours auprès de l’Inspection du Travail :
    • Le salarié peut signaler toute violation de ses droits à l’Inspection du Travail, qui interviendra pour trouver une solution amiable.
  • Action en justice :
    • En cas de conflit persistant, le salarié peut saisir le tribunal compétent pour obtenir réparation. Cela peut inclure des dommages-intérêts pour non-respect des obligations de l’employeur.

En droit ivoirien, la suspension du contrat de travail est une mesure temporaire qui protège les intérêts des deux parties. Le salarié conserve plusieurs droits de base pendant cette période, notamment la protection de son ancienneté, le maintien de certaines indemnités, et la possibilité de retrouver son poste. Ces droits varient en fonction de la cause de la suspension, mais la loi veille à ce que le salarié ne subisse pas de préjudice injustifié.

Base légale : Articles 16.9 et 16.10 du Code du Travail, Articles 24, 25, 29 à 32 du Code Civil Ivoirien.

Pour vos besoins en la matière, n’hésitez pas à prendre contact avec le Cabinet LDJ SARL à ces coordonnées : (+225) 27 23 23 21 64 / 01 52 90 45 19 / 05 96 11 90 94 / 07 05 06 67 04 (WhatsApp).


Luc KOUASSI

Juriste Consultant Bilingue | Formateur |
Spécialiste en rédaction de contrats, d’actes extrajudiciaires, d’articles juridiques et des questions relatives au droit du travail | Politiste | Bénévole humanitaire

Pour vos besoins en la matière, veuillez contacter le Cabinet LDJ SARL : Contacts : (+225) 27 23 23 21 64 / 01 52 90 45 19 / 05 96 11 90 94 / 07 05 06 67 04 (WhatsApp).

Les types de societes commerciales et leurs caracteristiques

En droit OHADA, il existe plusieurs formes de sociétés commerciales, chacune présentant des caractéristiques spécifiques en matière de responsabilité, d’organisation et de fonctionnement. Voici une présentation détaillée des différents types de sociétés et de leurs principales caractéristiques :

CaractéristiquesEts.S.N.CS.C.SS.A.R.LS.AS.A.S
SigleÉtablissementSociété en Nom CollectifSociété en Commandite SimpleSociété à Responsabilité LimitéeSociété AnonymeSociété par Actions Simplifiées
Capacité juridique de l’entrepriseNon – personne physiqueNon – personne physiqueMixteOui – Personne moraleOui – personne moraleOui – personne morale
Relation des associésIntuitu  personaeIntuitu personaeMixtePas intuitu personaePas intuitu personaePas intuitu personae
Qualité des associésCommerçantsCommerçantsMixteNon commerçantsNon CommerçantsNon Commerçants
ResponsabilitésIndéfinie et solidaireIndéfinie et solidaireIndéfinie et solidaire (commandités uniquement)Limitées aux apportsLimitées aux apportsLimitées aux apports
Nombre minimum1222 (Sauf 1 pour unipersonnelle)3 (7 si cotée en bourse)1
Nombre maximum12 (15 si cotée en bourse)
Capital minimum1.000.000 FCFA (Moins selon les dispositions nationales)10.000.000 FCFA et 100.000.000 pour les S.A faisant appel public
SouscriptionTotaleTotaleTotaleTotale
LibérationIntégraleIntégraleIntégrale (Apport en natures) ½ du numéraireIntégrale (Apport en natures) ¼ du numéraire
Nature des droits sociauxPart de capitalPart socialePart socialePart socialeActionAction
Qualification des associésPartenaire commercial / AssociéAssociéAssociéAssociéActionnaireActionnaire
Valeur nominale mimimum5.000 FCFA10.000 FCFA
Organe de gestionGérant (s)Gérant(s)Gérant(s)Gérant(s)PDG avec conseil d’administrationPrésident avec 1 ou plusieurs Gérant(s)
Organe de contrôle légalCommissaire aux comptesCommissaire aux comptesAG et Commissaire aux comptesAGO, AGE et Commissaire aux comptes

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Quelles sont les causes de suspension du contrat de travail selon le droit ivoirien ?

Le contrat de travail, un accord entre l’employeur et le salarié qui encadre leurs obligations respectives. Cependant, il arrive qu’à certaines périodes, le contrat soit suspendu, c’est-à-dire que son exécution soit temporairement interrompue sans que cela ne mette fin à la relation de travail. Cette suspension peut avoir des causes variées, souvent prévues par la loi ou le contrat lui-même.  A travers cet article, nous nous proposons de vous donner quelques clarifications.

La suspension du contrat de travail signifie que certaines obligations principales sont temporairement mises en pause :

  • Le salarié cesse de fournir sa prestation de travail.
  • L’employeur peut suspendre le versement du salaire, sauf dans certains cas prévus par la loi

Cependant, la suspension ne rompt pas le lien juridique entre les deux parties. Le contrat reste en vigueur, et une fois la cause de suspension levée, les droits et obligations reprennent normalement.

En Côte d’Ivoire, les causes de suspension du contrat de travail sont précisées dans le Code du Travail (articles 16.7 et 16.8) et le Convention Collective Interprofessionnelle (articles 24 à 32).

Les situations les plus fréquentes sont les suivantes :

  1. Chômage technique

Le chômage technique intervient lorsque l’entreprise fait face à une baisse d’activité ou à des difficultés financières graves.

  • Exemple : Une usine qui connaît une panne prolongée ou un manque de commandes peut suspendre temporairement les contrats de ses salariés.
  • Dans ce cas, les salariés ne travaillent pas, et l’employeur peut suspendre le paiement des salaires, sauf s’il existe une convention collective ou un accord prévoyant une indemnisation.

B. Permissions exceptionnelles pour événements familiaux

Le salarié a droit à des permissions spéciales pour des événements touchant directement sa famille ou son foyer. Ces permissions sont souvent de courte durée.

  • Exemples d’événements :
    • Mariage du salarié ou d’un membre proche de sa famille.
    • Naissance d’un enfant
    • Décès d’un parent proche.
    • Déménagement.
  • Pendant cette période, l’absence est autorisée, mais la rémunération peut être suspendue, sauf si l’employeur décide de maintenir le salaire.

C. Maladie ou accident

Lorsque le salarié est malade ou victime d’un accident, son contrat est suspendu pour lui permettre de se rétablir.

  • Conditions :
    • Le salarié doit fournir un certificat médical pour justifier son absence.
    • Si l’accident survient sur le lieu de travail ou dans l’exercice de ses fonctions, l’employeur a l’obligation de continuer à verser une indemnité, conformément aux lois sur les accidents de travail.

D. Mise en disponibilité

La mise en disponibilité est une situation où le salarié est autorisé à suspendre temporairement son contrat pour des raisons personnelles ou professionnelles.

  • Exemple : Une demande de congé pour poursuivre des études ou régler une affaire personnelle importante.
  • Cette suspension est souvent prévue par une convention entre les deux parties et doit être approuvée par l’employeur.

E. Congés annuels

Chaque salarié a droit à des congés payés après une période de travail, généralement un an. Pendant ces congés :

  • Le salarié cesse temporairement de travailler.
  • L’employeur est tenu de verser une indemnité appelée indemnité de congé.

F. Congé de maternité

Les salariées enceintes bénéficient d’un congé de maternité pour préparer l’arrivée de leur enfant et se rétablir après l’accouchement.

  • Durée légale : En Côte d’Ivoire, ce congé dure généralement 14 semaines (6 semaines avant et 8 semaines après l’accouchement).
  • Pendant cette période, l’employeur est tenu de verser une partie ou la totalité du salaire, selon les dispositions légales ou contractuelles.

G. Service militaire ou départ sous les drapeaux

Si un salarié est appelé à effectuer son service militaire ou à rejoindre les forces armées dans le cadre d’une mobilisation nationale, son contrat est suspendu.

  • Pendant cette période, il ne travaille pas pour l’entreprise et ne perçoit pas de salaire, mais son poste est protégé.

H. Détention préventive

Si un salarié est placé en détention préventive pour des faits étrangers à son travail, son contrat est suspendu pour une durée maximale de six mois.

  • Exemple : Un salarié impliqué dans une affaire judiciaire qui n’a aucun lien avec son activité professionnelle.
  • Si, au bout de six mois, le salarié n’est pas libéré, l’employeur peut envisager de rompre le contrat.

Pendant la suspension, plusieurs aspects doivent être pris en compte :

  • Le salarié conserve son poste et ses droits acquis, comme l’ancienneté, sauf disposition contraire.
  • La rémunération peut être suspendue, sauf dans les cas où la loi ou un accord prévoit une indemnisation (par exemple, pour les accidents de travail).
  • Une fois la cause de suspension levée, le salarié reprend son poste, aux mêmes conditions qu’avant la suspension.
  • Cas particuliers et exemples
  • Cas 1 : Suspension pour maladie

Un salarié contracte une maladie grave nécessitant un arrêt de travail de plusieurs semaines. Son contrat est suspendu pendant cette période, mais il peut percevoir une indemnité maladie si la législation ou son contrat le prévoit.

  • Cas 2 : Suspension pour congé de maternité

Une employée enceinte prend son congé de maternité de 14 semaines. Pendant cette période, son contrat est suspendu, mais elle perçoit une indemnité versée par la sécurité sociale ou l’employeur.

  • Cas 3 : Suspension pour service militaire

En Côte d’Ivoire, la suspension du contrat de travail est une mesure qui protège les droits des salariés tout en permettant à l’employeur de gérer des situations temporaires. Les différentes causes prévues par la loi (chômage technique, congés, maladie, etc.) garantissent que le lien de travail est préservé et que les deux parties peuvent reprendre leurs obligations une fois la suspension levée.

Base légale : Articles 16.7 et 16.8 du Code du Travail, articles 24 à 32 de la Convention Collective Interprofessionnelle.


Luc KOUASSI

Juriste Consultant Bilingue | Formateur |
Spécialiste en rédaction de contrats, d’actes extrajudiciaires, d’articles juridiques et des questions relatives au droit du travail | Politiste | Bénévole humanitaire

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Les clauses essentielles d’un contrat de bail à usage professionnel ou commercial

En droit OHADA, le contrat de bail à usage professionnel est encadré par des règles spécifiques, notamment dans l’Acte uniforme relatif au droit commercial général. Les clauses essentielles qui doivent figurer dans un tel contrat incluent les éléments suivants :

  • Bailleur : Identité complète (personne physique ou morale).
  • Preneur : Identité complète, avec mention de son activité professionnelle.

Exemple :

  • Bailleur : Monsieur Jean DAGO, né le 15 janvier 1970 à Abidjan, titulaire de la CNI n°12345678, domicilié à Cocody, Abidjan.
  • Preneur : Société ABC SARL, au capital de 10 000 000 FCFA, immatriculée au RCCM sous le n°CI-ABJ-2024-B-12345, représentée par Madame Fatou Diarra, gérante, domiciliée à Marcory, Abidjan.
  • Adresse précise et localisation du bien.
  • Nature des locaux (bureaux, entrepôts, ateliers, etc.).
  • État des lieux initial annexé au contrat pour éviter des litiges futurs.

Exemple : « Le bien loué est situé à Treichville, Zone Industrielle, Rue 25, Lot 12. Il s’agit d’un bâtiment à usage professionnel, comprenant un bureau de 50 m², un entrepôt de 100 m² et un parking. L’état des lieux initial est annexé au présent contrat. »

  • Mention explicite de l’usage professionnel prévu (par exemple, usage commercial, artisanal, ou administratif).
  • Interdiction ou restriction d’un usage autre que celui prévu dans le contrat.

Exemple : « Les locaux sont exclusivement destinés à l’exploitation d’un commerce de vêtements. Toute autre utilisation, y compris à des fins résidentielles, est strictement interdite sans l’accord préalable écrit du bailleur. »

  • Durée déterminée ou indéterminée, conformément à de l’AUDCG.
  • Modalités de renouvellement ou de résiliation du bail.

Exemple : « Le présent bail est consenti pour une durée de 5 ans, à compter du 1er janvier 2025 pour se terminer le 31 décembre 2030, sauf renouvellement expressément convenu entre les parties. »

  • Montant du loyer et modalités de paiement (mensuel, trimestriel, etc.).
  • Révision périodique du loyer (indice de référence ou négociation).
  • Sanctions en cas de retard de paiement (intérêts de retard ou résiliation).

Exemple : « Le loyer mensuel est fixé à 500 000 FCFA, payable au plus tard le 5 de chaque mois, par virement bancaire sur le compte du bailleur n°12345678 à la Banque X. En cas de retard, une pénalité de 5 % du montant dû sera appliquée. »

  • Répartition des charges entre le bailleur et le preneur (entretien, réparations courantes, électricité, eau, etc.).
  • Paiement des taxes et impositions liées au bien loué.

Exemple : « Le preneur supportera les charges suivantes : eau, électricité, entretien des espaces communs. Le bailleur assumera les taxes foncières. Une répartition détaillée des charges est fournie en annexe. »

  • Définition des responsabilités :
    • Travaux à la charge du bailleur (gros œuvre, toiture, etc.).
    • Travaux à la charge du preneur (réparations courantes, peinture).
  • Autorisation préalable pour les travaux modifiant la structure du bien.

Exemple : « Le bailleur prendra en charge les réparations relatives au gros œuvre, telles que la toiture et la façade. Le preneur sera responsable des petites réparations, comme la plomberie ou la peinture. Toute modification structurelle devra recevoir l’accord écrit du bailleur. »

  • Conditions de résiliation anticipée (manquement au contrat, non-paiement du loyer, usage non conforme, etc.).
  • Préavis exigé en cas de résiliation.

Exemple : « Le contrat peut être résilié de plein droit en cas de non-paiement du loyer pendant 3 mois consécutifs ou d’usage non conforme des locaux. La partie souhaitant résilier doit notifier l’autre par lettre recommandée avec accusé de réception, en respectant un préavis de 3 mois. »

  • Autorisation ou interdiction de cession ou de sous-location des locaux.
  • Conditions spécifiques en cas d’autorisation (accord écrit, notification préalable).

Exemple : « La cession ou sous-location des locaux est interdite sauf accord écrit préalable du bailleur. Toute violation de cette clause entraînera la résiliation immédiate du bail. »

  • Obligation pour le preneur de souscrire une assurance pour couvrir les risques (incendie, dégâts des eaux, responsabilité civile).
  • Mention de la responsabilité du bailleur pour les vices cachés ou défauts de l’immeuble.

Exemple : « Le preneur s’engage à souscrire une assurance couvrant les risques d’incendie, dégâts des eaux, et responsabilité civile, et à en fournir une attestation au bailleur dans les 15 jours suivant la signature du bail. »

  • Garantie locative (dépôt de garantie équivalent à un ou plusieurs mois de loyer).
  • Modalités de restitution en fin de bail.

Exemple : « Le preneur versera un dépôt de garantie équivalent à 2 mois de loyer, soit 1 000 000 FCFA, restitué à la fin du bail après déduction des éventuelles dettes ou réparations. »

  • Référence à l’arbitrage ou à la médiation, conformément aux principes de l’OHADA.
  • Juridiction compétente en cas de contentieux.

Exemple : « Tout litige relatif au présent contrat sera soumis à la médiation selon les dispositions de l’Acte Uniforme OHADA relatif à l’arbitrage. À défaut de règlement amiable, la juridiction compétente sera celle du lieu de situation des locaux. »

  • Mention des cas de force majeure pouvant suspendre les obligations des parties.

Exemple : « En cas de force majeure (incendie, inondation, catastrophe naturelle), les obligations des parties seront suspendues sans pénalités jusqu’à la résolution de l’événement. »

  • Conditions particulières selon les besoins des parties, comme une clause d’exclusivité pour certaines activités commerciales ou un droit de préemption pour le preneur en cas de vente des locaux.

Exemple : « Le preneur bénéficie d’une exclusivité pour l’exploitation d’un salon de coiffure dans un rayon de 500 mètres autour des locaux. Le bailleur s’interdit de louer à une activité similaire durant la période du bail. »

Ces clauses doivent être rédigées avec soin et adaptées au contexte spécifique du contrat de bail à usage professionnel. Nous vous conseillons de consulter un juriste pour la rédaction de vos contrats.

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Quels sont les droits des salariés en cas de modification dans la situation juridique de l’employeur selon le droit ivoirien ?

Lorsqu’une entreprise change de direction ou de propriétaire, les salariés se demandent souvent ce qu’il advient de leurs contrats de travail, de leurs droits acquis, et de leur ancienneté. Le Code du Travail ivoirien, en son article 11.8, établit clairement les protections accordées aux salariés dans de telles situations.

Le droit principal des salariés dans une telle situation est celui de la stabilité de l’emploi. Cela signifie que, quel que soit le changement dans la situation juridique de l’employeur (fusion, cession d’entreprise, succession, mise en gestion, etc.), les contrats de travail des salariés restent en vigueur.

Ce que cela implique :

  • Le nouvel employeur reprend automatiquement les obligations liées aux contrats de travail existants.
  • Les salariés continuent d’exercer leurs fonctions aux mêmes conditions que celles définies avec l’ancien employeur.

Ce principe vise à protéger les travailleurs contre une perte injustifiée d’emploi due à des décisions économiques ou juridiques qui échappent à leur contrôle.

Les droits acquis par les salariés avant le changement de direction ou de propriétaire de l’entreprise sont préservés. Cela inclut :

  • L’ancienneté dans l’entreprise : le nouvel employeur doit reconnaître la durée de service des salariés, même si elle a été accumulée sous la gestion de l’ancien employeur.
  • Les droits liés à l’ancienneté :
    • Préavis : En cas de licenciement ultérieur, la durée du préavis doit être calculée en tenant compte de l’ancienneté totale, y compris celle sous l’ancien employeur.
    • Indemnités de licenciement : Elles sont basées sur l’ancienneté cumulée, sans interruption, même après le changement de propriétaire.
    • Congés payés : Les jours de congés accumulés restent valables et doivent être honorés par le nouvel employeur.

Ainsi, le salarié ne perd-il aucun avantage acquis, quelle que soit la transformation de l’entreprise.

Il arrive parfois que le nouvel employeur exige de l’ancien employeur qu’il procède au licenciement de certains salariés avant de finaliser la cession de l’entreprise. Si l’ancien employeur accepte de licencier les salariés à la demande du repreneur, cela peut être considéré comme un licenciement abusif, surtout si cette action vise à contourner les droits des travailleurs.

Dans une telle situation :

  • L’ancien et le nouvel employeur peuvent être tenus responsables solidairement.
  • Les salariés concernés peuvent demander des dommages-intérêts pour licenciement abusif, à condition qu’il soit prouvé qu’il y a eu une entente frauduleuse entre les deux employeurs.

Une fois l’entreprise reprise, le nouvel employeur a le droit de réorganiser son activité, ce qui peut inclure des licenciements économiques ou des changements structurels. Cependant, ces licenciements ou réorganisations doivent respecter les règles légales :

  • Les licenciements doivent être justifiés par des raisons réelles et sérieuses, comme des difficultés économiques ou une restructuration nécessaire.
  • Les salariés licenciés doivent bénéficier de leurs droits légaux, notamment :
    • Le préavis, selon leur ancienneté.
    • Les indemnités de licenciement.
    • Les congés payés non pris.

Si ces conditions ne sont pas respectées, les salariés peuvent contester les décisions devant les juridictions compétentes.

Cas 1 : Mutation d’un salarié après un rachat

Une entreprise basée à Abidjan est rachetée par un groupe dont le siège est à San Pedro. Les contrats de travail des salariés d’Abidjan restent valides. Le nouvel employeur ne peut pas forcer un salarié à déménager à San Pedro si cette possibilité n’était pas prévue dans son contrat initial.

Cas 2 : Calcul des indemnités

Un salarié qui a travaillé 10 ans pour l’ancien employeur et qui est licencié par le nouvel employeur devra recevoir ses indemnités de licenciement calculées sur ses 10 années de service, et non seulement sur la période sous la direction du nouveau propriétaire.

Cas 3 : Licenciements abusifs avant une cession

Si un repreneur exige que l’ancien propriétaire licencie les salariés avant la vente, ces licenciements peuvent être considérés comme abusifs. Les salariés concernés peuvent alors obtenir des compensations financières devant les tribunaux.

Les droits des salariés sont protégés en cas de modification dans la situation juridique de leur employeur. Le Code du Travail ivoirien garantit le maintien des contrats de travail et des droits acquis, même lorsque l’entreprise change de propriétaire ou de direction.

Cependant, si des licenciements ou des modifications des conditions de travail sont envisagés, ils doivent être justifiés et conformes à la loi. Ces dispositions visent à assurer une transition équitable pour les salariés tout en permettant aux employeurs de restructurer leurs activités de manière légale et responsable.

Base légale : Article 11.8 du Code du Travail ivoirien.


Luc KOUASSI

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L’employeur peut-il modifier unilatéralement le contrat de travail ?

Le contrat de travail est un accord entre un employeur et un salarié qui définit les droits et obligations de chaque partie. Une fois conclu, ce contrat ne peut pas être modifié par la seule volonté d’une des parties, qu’il s’agisse de l’employeur ou du salarié. Cependant, dans la pratique, il arrive que des changements soient nécessaires, souvent pour répondre aux besoins ou à l’évolution de l’entreprise. La question se pose alors de savoir si l’employeur peut modifier unilatéralement le contrat de travail et dans quelles limites.

Le contrat de travail repose sur un accord mutuel. Toute modification de ce contrat doit également être fondée sur l’accord des deux parties, car une modification unilatérale porterait atteinte aux droits du salarié.

Cependant, certaines modifications peuvent être imposées par l’employeur, notamment lorsqu’elles ne touchent pas aux éléments essentiels du contrat ou lorsqu’elles sont prévues par des textes légaux, des clauses contractuelles ou le règlement intérieur.

Les modifications dites non substantielles ne nécessitent pas l’accord préalable du salarié, car elles n’affectent pas les termes essentiels du contrat. Ces changements sont souvent motivés par des impératifs de santé, de comportement, ou par l’application des règles de l’entreprise.

Exemples de modifications non substantielles :

  • Changement des fonctions du salarié : Si un employeur décide d’adapter les fonctions d’un salarié pour des raisons médicales ou en raison de son comportement, à condition que le salaire reste inchangé, cette modification n’est pas considérée comme substantielle.
  • Application du règlement intérieur : Si le règlement intérieur impose de nouvelles procédures ou conditions de travail (par exemple, des mesures de sécurité), ces changements s’appliquent sans modifier le contrat.
  • Clauses prévues dans le contrat initial : Si une modification a été prévue et acceptée dès la signature du contrat (par exemple, une clause de mobilité ou un changement des horaires), elle ne constitue pas une modification du contrat.

Ces modifications relèvent de la gestion courante de l’entreprise et sont considérées comme nécessaires au bon fonctionnement de celle-ci.

Les modifications dites substantielles concernent des éléments essentiels du contrat. Ces changements touchent des clauses fondamentales sans lesquelles le salarié n’aurait probablement pas accepté le poste. En droit ivoirien, de telles modifications doivent obligatoirement faire l’objet d’un accord entre l’employeur et le salarié.

Exemples de modifications substantielles :

  • Réduction du salaire : Toute diminution du salaire sans l’accord du salarié constitue une modification substantielle.
  • Proposition d’un emploi non conforme à la qualification : Si un salarié qualifié est affecté à un poste qui ne correspond pas à son niveau de compétence ou d’expérience, cela est considéré comme une modification substantielle.
  • Mutation dans un lieu éloigné non prévu dans le contrat : Par exemple, transférer un salarié d’Abidjan à San Pedro alors que son contrat n’incluait pas de clause de mobilité.
  • Modification des responsabilités : Un changement important dans les responsabilités ou les attributions, même sans diminution de salaire, est qualifié de substantiel.

Ces modifications sont considérées comme ayant un impact significatif sur la relation de travail et nécessitent donc l’accord du salarié.

Si l’employeur décide de modifier unilatéralement une clause substantielle du contrat sans obtenir l’accord du salarié, plusieurs conséquences peuvent en découler :

  • Droit du salarié de refuser : Le salarié a le droit de refuser une telle modification. En cas de désaccord, il peut saisir les juridictions compétentes
  • Sanctions pour l’employeur : Une modification unilatérale peut être interprétée comme une rupture abusive du contrat de travail, exposant l’employeur à des sanctions financières ou à des indemnités pour le salarié.
  • Possibilité de démission motivée : Le salarié peut considérer cette modification comme une raison légitime de rompre le contrat et demander des indemnités compensatoires.

L’employeur ne peut modifier unilatéralement un contrat de travail, sauf s’il s’agit de modifications mineures ou prévues par le contrat ou la loi. Toute modification touchant aux éléments essentiels du contrat doit être approuvée par le salarié.

Les articles 15.6, 15.9, 16.6, et 23.4 du Code du Travail ivoirien encadrent ces situations pour protéger les droits des salariés tout en tenant compte des impératifs de gestion des entreprises. Cela requiert donc aux employeurs et aux salariés de bien comprendre ces règles afin de prévenir les conflits et d’assurer une relation de travail harmonieuse.


Luc KOUASSI

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Quand peut-on dire qu’un contrat de travail est modifié en Côte d’Ivoire ?

Le contrat de travail est un document qui définit les droits et obligations entre un employeur et un salarié. Cependant, au cours de l’exécution de ce contrat, il peut arriver que des changements interviennent. Ces changements ne sont pas toujours considérés comme une modification du contrat de travail au sens juridique. Il est important de comprendre dans quelles situations un contrat est considéré comme modifié et ce que cela implique pour les deux parties.

Lors de la signature du contrat de travail, certaines conditions spécifiques peuvent être convenues entre l’employeur et le salarié. Si un changement survient, mais qu’il avait déjà été prévu dans le contrat initial, on ne peut pas parler de modification du contrat de travail.

Exemple : Mutation prévue
Supposons qu’un salarié accepte, dès son embauche, de travailler dans n’importe quelle succursale de l’entreprise située en Côte d’Ivoire. Si ce salarié commence à travailler à Abidjan et que l’employeur décide ensuite de le muter à Korhogo, il ne s’agit pas d’une modification du contrat. Cette mobilité géographique était déjà prévue, et le salarié avait donné son accord à cette éventualité.

Ainsi, les changements explicitement mentionnés dans le contrat ne constituent pas une modification, car ils relèvent de l’accord initial entre les parties.

Un contrat de travail est considéré comme modifié lorsque des changements surviennent et qu’ils n’avaient pas été envisagés ou acceptés au moment de l’engagement. Ces modifications peuvent concerner plusieurs aspects importants du contrat :

  • Le lieu de travail : Si un salarié n’a pas accepté une clause de mobilité dans son contrat, le fait de l’obliger à changer de lieu de travail peut être considéré comme une modification du contrat.
  • Les horaires de travail : Passer d’un horaire de jour à un horaire de nuit, ou augmenter les heures de travail sans accord préalable, constitue une modification.
  • Les tâches et fonctions : Modifier les responsabilités principales du salarié ou lui assigner des tâches très différentes de celles prévues dans le contrat initial peut être une modification.
  • La rémunération : Toute réduction ou augmentation significative du salaire, sans accord préalable, est une modification du contrat.

Ces changements nécessitent l’accord préalable du salarié, car ils touchent à des éléments essentiels du contrat.

Lorsque l’employeur souhaite modifier un élément non prévu dans le contrat, il doit obligatoirement obtenir l’accord du salarié. Cet accord peut être donné par écrit ou verbalement, mais il est conseillé de formaliser tout changement par écrit pour éviter des conflits ultérieurs.

Que se passe-t-il en cas de désaccord ?
Si le salarié refuse une modification proposée par l’employeur, ce dernier ne peut pas l’imposer unilatéralement. En cas de conflit, le salarié peut porter l’affaire devant les juridictions compétentes pour faire valoir ses droits.

Lorsque l’employeur modifie unilatéralement un contrat de travail sans l’accord du salarié, cela peut être considéré comme une rupture abusive du contrat. Dans ce cas :

  • Le salarié peut demander des dommages et intérêts pour compenser le préjudice subi.
  • La relation de travail peut être rompue si le salarié refuse de continuer à travailler dans ces nouvelles conditions.

Exemple : Changement d’horaire sans accord
Un employeur décide de faire travailler un salarié de nuit au lieu de jour, sans qu’une telle possibilité ait été prévue dans le contrat. Si le salarié refuse et que l’employeur persiste, cela peut être interprété comme une modification abusive du contrat, ouvrant droit à une indemnisation.

Un contrat de travail est considéré comme modifié en Côte d’Ivoire lorsque des changements affectant des éléments essentiels (lieu, horaires, tâches, rémunération) interviennent sans avoir été prévus initialement et sans l’accord du salarié.

L’employeur a l’obligation de respecter les termes du contrat initial et de solliciter l’approbation du salarié pour tout changement majeur. Toute modification non consensuelle peut être contestée et entraîner des sanctions pour l’employeur. Les articles 16 à 21 et 24 de la Convention Collective Interprofessionnelle (CCI) encadrent ces situations afin de garantir les droits des salariés et de maintenir un équilibre dans la relation de travail.

Base légale : Articles 16 à 21 et 24 de la Convention Collective Interprofessionnelle (CCI).



Luc KOUASSI
Juriste Consultant Bilingue | Formateur |
Spécialiste en rédaction de contrats, d’actes extrajudiciaires, d’articles juridiques et des questions relatives au droit du travail | Politiste | Bénévole humanitaire

𝐶𝑜𝑛𝑡𝑎𝑐𝑡 : +225 07 795 704 35 / +90 539 115 55 28 /
𝑑𝑒𝑛𝑖𝑠𝑗𝑢𝑛𝑖𝑜𝑟690@𝑔𝑚𝑎𝑖𝑙.𝑐𝑜𝑚

Une autre nationalité ? Vous avez perdu la nationalité ivoirienne

Il est temps d’aborder avec franchise l’un des enjeux les plus sensibles de notre pays : la perte de la nationalité ivoirienne. Ce débat, bien que crucial, reste méconnu et entouré d’une certaine opacité juridique qui pénalise des milliers de nos compatriotes, souvent sans qu’ils en aient pleinement conscience.

« Nul n’est censé ignorer la loi », dit-on souvent. Mais comment appliquer cette maxime si l’État et ses représentants n’assument pas pleinement leur responsabilité d’informer les citoyens sur les règles régissant notre République ? La question de la perte de la nationalité ivoirienne illustre parfaitement ce paradoxe.

En tant que Député, il est de mon devoir républicain de porter ces questions sur la place publique, afin de trouver des solutions conformes aux aspirations des Ivoiriens d’ici et de la diaspora.

La législation ivoirienne en matière de nationalité est claire : la double nationalité n’est reconnue que dans un cadre bien précis, celui de la « double nationalité subie ». Cette situation concerne les enfants qui, à leur naissance, se retrouvent automatiquement citoyens ivoiriens et d’un autre pays, en raison de l’origine étrangère d’un de leurs parents.

Prenons, par exemple, le cas bien connu de Michel Gbagbo. Fils d’un père ivoirien et d’une mère française, Michel Gbagbo est à la fois Ivoirien et Français depuis sa naissance. Dans son cas, la loi lui garantit le droit de conserver ces deux nationalités, puisqu’il n’a jamais eu à choisir : cette double nationalité lui a été imposée par sa naissance.

Cependant, pour tout Ivoirien qui, une fois majeur, choisit volontairement d’acquérir une autre nationalité ou de reconnaître officiellement une nationalité étrangère, les conséquences sont tout autres.

Selon l’article 48, alinéa 1, de la Loi Numéro 61-415 du 14 décembre 1961 relative au Code de la nationalité ivoirienne :

« Perd la nationalité ivoirienne, l’Ivoirien majeur qui acquiert volontairement une nationalité étrangère, ou qui déclare reconnaître une telle nationalité. »

Cette disposition, bien que légale, reste largement ignorée par la majorité des citoyens. À travers mes enquêtes, j’ai découvert une réalité préoccupante : nombreux sont les Ivoiriens ayant acquis une autre nationalité qui, en revenant au pays pour renouveler leurs papiers ou effectuer d’autres démarches administratives, découvrent avec stupeur qu’ils ne sont plus considérés comme Ivoiriens.

Ces compatriotes, désormais apatrides dans les faits, repartent souvent dans leur pays de résidence, sans solution immédiate pour régulariser leur situation.

Pour un Ivoirien ayant perdu sa nationalité, il existe une seule voie pour la recouvrer : la procédure de réintégration. Cette démarche, qui requiert un décret du Président de la République, est longue, coûteuse, et souvent inaccessible pour de nombreux concernés.

En attendant la validation d’un tel décret, ces Ivoiriens restent déchus de leur nationalité et, par conséquent, de leurs droits en tant que citoyens ivoiriens, notamment leur droit de vote ou l’accès à des documents administratifs.

Cette situation est particulièrement problématique pour les milliers d’Ivoiriens vivant à l’étranger. Nombreux sont ceux qui, pour faciliter leur insertion dans leur pays d’accueil, choisissent de prendre une autre nationalité, sans savoir qu’ils perdent automatiquement leur nationalité ivoirienne.

Si nous voulons nous doter d’une liste électorale crédible et débarrassée des inscriptions irrégulières, il est évident que bon nombre de ces Ivoiriens ne pourront plus y figurer, étant donné leur statut actuel.

Face à cette réalité, il est impératif de réviser la loi de 1961 sur la nationalité. Une législation datant de plus de six décennies ne peut répondre aux enjeux modernes d’une Côte d’Ivoire en pleine mutation.

La réforme doit notamment :

  1. Assurer une meilleure sensibilisation : L’État doit informer les citoyens, en Côte d’Ivoire comme à l’étranger, des conséquences juridiques de l’acquisition d’une autre nationalité.
  2. Simplifier la procédure de réintégration : Il est crucial de rendre cette démarche plus accessible, avec des délais raisonnables et des coûts réduits.
  3. Réviser les dispositions sur la perte de la nationalité : La perte automatique de la nationalité pourrait être remplacée par une procédure de renonciation volontaire, pour éviter les injustices subies par des citoyens souvent mal informés.

La question de la nationalité n’est pas un simple détail administratif. Elle touche à l’identité, aux droits fondamentaux et à l’appartenance à une nation. En tant que Député, je m’engage à porter ce débat au cœur de nos institutions, pour qu’enfin, chaque Ivoirien puisse bénéficier d’une législation adaptée à ses besoins et à sa réalité.

Depuis Koyekro, sous-préfecture de Morokro, département de Tiassalé, je lance cet appel à mes collègues, aux juristes, et à tous les citoyens : mettons fin à cette injustice et œuvrons pour une Côte d’Ivoire plus juste et inclusive.

Par Assalé Tiémoko Antoine, Député de la Nation

Quelle Forme Juridique pour Son Entreprise en Côte d’Ivoire?

Le choix de la forme juridique est l’une des décisions les plus importantes que tout entrepreneur doit prendre lors de la création d’une entreprise en Côte d’Ivoire. La forme juridique de votre entreprise aura un impact sur de nombreux aspects de votre activité, y compris la responsabilité légale, la fiscalité, la gouvernance et la capacité de croissance. Dans cet article, nous examinerons les différentes options de forme juridique disponibles en Côte d’Ivoire et les facteurs à prendre en compte pour choisir celle qui convient le mieux à votre entreprise.

  1. Entreprise Individuelle (EI) : Une entreprise individuelle est exploitée par une seule personne, qui est responsable de toutes les dettes et obligations de l’entreprise. C’est la forme juridique la plus simple et la plus facile à mettre en place, mais elle offre peu de protection contre les risques financiers et juridiques.
  2. Société à Responsabilité Limitée (SARL) : La SARL est une forme juridique populaire pour les petites et moyennes entreprises en Côte d’Ivoire. Elle offre une limitation de la responsabilité des associés, ce qui signifie que leur responsabilité est limitée au montant de leur contribution au capital social. La SARL est relativement facile à mettre en place et offre une certaine flexibilité en matière de gestion et de structure.
  3. Société Anonyme (SA) : La SA est une forme juridique plus complexe et adaptée aux grandes entreprises. Elle permet de lever des capitaux auprès du public en émettant des actions, mais elle est soumise à des exigences de gouvernance et de divulgation plus strictes. Les actionnaires de la SA bénéficient d’une limitation de responsabilité, mais les coûts et la complexité de la création et de la gestion d’une SA sont plus élevés que pour d’autres formes juridiques.
  4. Société en Nom Collectif (SNC) : La SNC est une forme juridique dans laquelle les associés sont solidairement responsables des dettes de l’entreprise. C’est une forme juridique moins courante en Côte d’Ivoire, mais elle peut être appropriée dans certaines situations, notamment pour les entreprises familiales ou les partenariats de longue date.
  1. Responsabilité : La limitation de la responsabilité est souvent un facteur déterminant dans le choix de la forme juridique. Les entrepreneurs cherchent généralement à limiter leur responsabilité personnelle en optant pour une SARL ou une SA, où la responsabilité est limitée au montant de leur contribution au capital social.
  2. Fiscalité : Les différentes formes juridiques sont soumises à des régimes fiscaux différents en Côte d’Ivoire. Il est important de comprendre les implications fiscales de chaque forme juridique, notamment en ce qui concerne l’imposition des bénéfices, des dividendes et des plus-values.
  3. Structure de Gouvernance : La structure de gouvernance de votre entreprise peut varier en fonction de la forme juridique choisie. Les SA sont soumises à des exigences de gouvernance plus strictes, avec un conseil d’administration et des organes de contrôle, tandis que les SARL offrent une plus grande flexibilité en matière de gestion et de prise de décision.
  4. Coûts et Complexité : La création et la gestion d’une entreprise peuvent être coûteuses et complexes, en particulier pour les formes juridiques plus complexes comme la SA. Il est important de prendre en compte les coûts initiaux et continus associés à chaque forme juridique, y compris les frais de constitution, les frais de publication, les frais de gouvernance et les frais de conformité.

Le choix de la forme juridique pour votre entreprise en Côte d’Ivoire est une décision importante qui aura un impact significatif sur votre activité à long terme. Il est essentiel de prendre le temps de bien comprendre les avantages et les inconvénients de chaque option, ainsi que les implications légales, fiscales et opérationnelles. En travaillant avec des experts juridiques et fiscaux qualifiés, vous pouvez choisir la forme juridique qui convient le mieux à vos besoins commerciaux et à vos objectifs de croissance.

Résumé de la présentation de mémoire sur le thème : La lutte contre l’érosion de la base d’imposition par le transfert des bénéfices en droit positif ivoirien.

Le vendredi 29 novembre 2024, à 19h GMT, nous avons eu l’honneur de clôturer une présentation mémorable organisée par le Cabinet LDJ SARL. Cet événement, tenu en ligne via Google Meet, a été animé par M. Emmanuel Krasso, juriste en institution de microfinance, et modéré avec brio par Mlle Ruth Abry, stagiaire au sein de notre cabinet.

Le thème abordé, « La lutte contre l’érosion de la base d’imposition en droit ivoirien », s’est révélé d’une importance capitale, non seulement pour les fiscalistes, mais également pour tous les acteurs économiques soucieux d’une justice fiscale et d’un développement durable.

Les principaux points abordés

  1. Le plan d’action contre l’érosion de la base d’imposition

M. Krasso a présenté les différentes actions nécessaires pour renforcer la lutte contre l’érosion de la base d’imposition, en s’appuyant notamment sur les propositions de l’initiative internationale BEPS (Base Erosion and Profit Shifting). Parmi les actions prioritaires identifiées, il a mentionné :

  • La prise en compte des défis fiscaux liés à l’économie numérique, un secteur en pleine croissance mais encore insuffisamment régulé fiscalement.
  • La neutralisation des montages hybrides, qui exploitent les divergences entre les systèmes fiscaux pour échapper à l’imposition.
  • Le renforcement des règles relatives aux Sociétés Étrangères Contrôlées (SEC).
  • La limitation des déductions d’intérêts et autres frais financiers, souvent utilisés comme moyens d’évasion fiscale.
  • La lutte contre les pratiques fiscales dommageables, en mettant l’accent sur la transparence et la substance économique des transactions.

2. Le défaut de rationalité du système fiscal ivoirien

L’intervenant a également mis en lumière les failles du système fiscal ivoirien, notamment l’octroi disproportionné d’avantages fiscaux sous forme d’exonérations, souvent dans un objectif de politique économique. Voici quelques chiffres marquants :

  • Entre 2020 et 2022, les exonérations de TVA ont représenté une perte de 78 milliards FCFA pour l’État ivoirien.
  • En 2023, les exonérations accordées aux Centres de Gestion Agréés (CGA) ont atteint 50 milliards FCFA.
  • Le coût global des dépenses fiscales en 2020 a été évalué à 326,8 milliards FCFA, une tendance en hausse constante. Parmi ces dépenses, les exonérations relatives au BIC (Bénéfice Industriel et Commercial) bénéficiaient à 2790 entreprises en 2020.

Ces chiffres interrogent sur l’efficacité de ces politiques d’exonération et sur leur impact réel sur le développement économique et social du pays.

3. La non-tropicalisation des normes fiscales

Un autre point essentiel abordé a été le manque d’adaptation des normes fiscales internationales aux réalités africaines, notamment ivoiriennes. Les propositions BEPS, élaborées principalement pour les pays développés, ne prennent pas suffisamment en compte les spécificités des économies émergentes.

M. Krasso a plaidé pour une application contextuelle et pragmatique des normes fiscales, afin d’éviter des effets contraires, tels qu’un alourdissement inutile des charges fiscales pour les entreprises locales. L’objectif serait de bâtir un système fiscal qui soit à la fois équitable, compétitif et adapté aux réalités ivoiriennes.

Nous tenons à exprimer nos sincères remerciements à M. Emmanuel Krasso pour la richesse de ses analyses et la clarté de ses explications. Nous remercions également chaleureusement tous les participants pour leur présence, leur engagement et leurs contributions qui ont enrichi les échanges.

Cet événement a marqué une étape importante dans la réflexion autour d’une fiscalité plus juste et plus adaptée aux réalités ivoiriennes. Nous espérons que ces discussions serviront de base à des réformes concrètes pour renforcer la justice fiscale et soutenir le développement économique du pays.

Rendez-vous pour nos prochains événements, toujours plus enrichissants et constructifs !