I. Les formes de sociétés
Les formes de sociétés en Côte d’Ivoire sont régies par l’Acte Uniforme relatif au Droit des Sociétés Commerciales et du Groupement d’Intérêt Economique (AUDSCGIE) de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA).
Les formes de sociétés commerciales en Côte d’Ivoire sont les suivantes :
A. L’entreprise individuelle
C’est une forme de société unipersonnelle, dans laquelle une seule personne physique exerce une activité commerciale. L’entrepreneur individuel est responsable indéfiniment des dettes de son entreprise.
B. La société à responsabilité limitée (SARL)
Elle est une forme de société dans laquelle la responsabilité des associés est limitée au montant de leurs apports. La SARL est une forme de société très populaire en Côte d’Ivoire, car elle est relativement simple à créer et à gérer.
C. La société anonyme (SA)
La SA est une forme de société dans laquelle le capital est divisé en actions. Les associés ne sont responsables des dettes de la société qu’à hauteur du montant de leurs actions. C’est une forme de société plus complexe que la SARL, mais elle offre également plus de possibilités de financement et de développement.
D. La société en nom collectif (SNC)
C’est une forme de société dans laquelle tous les associés sont responsables indéfiniment des dettes de la société. La SNC est une forme de société traditionnelle, qui est souvent utilisée par des entreprises familiales ou des petites entreprises.
E. La société en commandite simple (SCS)
La société en commandite simple est une forme de société dans laquelle il existe deux catégories d’associés : les commandités, qui sont responsables indéfiniment des dettes de la société, et les commanditaires, qui ne sont responsables qu’à hauteur de leurs apports. La SCS est une forme de société qui est souvent utilisée dans les secteurs de la finance ou de l’immobilier.
F. La société par actions simplifiée (SAS)
La SAS est une forme de société qui est apparue récemment en Côte d’Ivoire. C’est une forme de société qui combine les avantages de la SARL et de la SA. Les associés de la SAS ne sont responsables des dettes de la société qu’à hauteur du montant de leurs apports, et ils disposent d’une grande liberté contractuelle.
Le choix de la forme juridique de l’entreprise dépend de plusieurs facteurs, notamment la taille de l’entreprise, le type d’activité exercée, le niveau de responsabilité souhaité, et les besoins de financement.
II. Les régimes fiscaux en vigueur en Côte d’Ivoire
Le dispositif légal comprend quatre (4) types de régimes d’imposition adaptés à la taille des entreprises sur la base du critère de chiffre d’affaires annuel. A chacun de ces régimes, correspondent des obligations et des formalités particulières. Ces régimes sont les suivants :
- Le régime de l’entreprenant (RE) ;
- Le régime des microentreprises (RME) ;
- Le régime du réel simplifié d’imposition (RSI) ;
- Le régime du réel normal d’imposition (RNI).
A- REGIME DE L’ENTREPRENANT (RE)
Le régime de l’entreprenant est institué par l’annexe fiscale à la loi de Finances n° 2020-972 du 23 décembre 2020 portant Budget de l’Etat pour la gestion 2021. Il est composé de la taxe communale de l’entreprenant et de la taxe d’Etat de l’entreprenant.
1. La taxe communale de l’entreprenant (TCE)
Sont redevables de cette taxe, les contribuables qui réalisent un chiffre d’affaires annuel toutes taxes comprises inférieur ou égal à 5 000 000 de francs (confer article 2 de l’ordonnance n° 61-123 du 15 avril 1961, telle que modifié par l’article 33 de l’annexe fiscale de la loi n° 2020-972 du 23 décembre 2020 portant loi de finances 2021).
La taxe communale de l’entreprenant est représentative de la contribution des patentes et des licences, des taxes communales, de la contribution à la charge des employeurs, de l’impôt sur les traitements et salaires, à l’exclusion des autres retenues à la source.
Elle est perçue au profit des municipalités sur le territoire des communes et au profit de la région en dehors de celles-ci. Le recouvrement est effectué par le Receveur municipal dans les communes et par le receveur des Impôts en dehors du périmètre de la commune.
La taxe communale de l’entreprenant recouvrée en dehors du périmètre de la commune est reversée à la région par le Trésor public. Toutefois, en l’absence de région dans le ressort territorial d’un district autonome, le produit de la taxe collectée en dehors du périmètre communal est reversé à ce district.
Cette taxe est calculée annuellement et payée mensuellement par fraction de douzième.
Elle est assise sur le chiffre d’affaires annuel réalisé ou prévisionnel, auquel sont appliqués les taux suivants :
- 2 % pour les activités de commerce ou de négoce ;
- 2,5 % pour les autres types d’activités, y compris les prestations de services.
En ce qui concerne les commerçants, artisans et façonniers exerçant leur profession en étalage dans les rues, sur les marchés ou en ambulance et qui réalisent un chiffre d’affaires annuel toutes taxes comprises inférieur à 1 200 000 francs, le conseil municipal de la localité concernée peut les autoriser à acquitter une taxe journalière dont il détermine l’assiette et la quotité.
Le chiffre d’affaires des contribuables qui entreprennent leur profession en cours d’année est ajusté au prorata du temps d’exploitation.
2. La taxe d’état de l’entreprenant (TEE)
La taxe d’Etat de l’entreprenant est prévue par les articles 72 et suivants du Code général des Impôts (CGI). Cette taxe se substitue à la patente, à l’impôt sur les bénéfices et à la taxe sur la valeur ajoutée.
Aux termes des dispositions de l’article 73 du CGI, sont soumises à la taxe d’Etat de l’entreprenant, les personnes physiques ou morales dont le chiffre d’affaires annuel, toutes taxes incluses, est compris entre 5 000 001 francs et 50 000 000 de francs.
Les personnes physiques ou morales dont le chiffre d’affaires s’abaisse en dessous de la limite de 50 millions prévue au paragraphe ci-dessus, ne sont soumises au régime de la taxe d’Etat de l’entreprenant, que lorsque leur chiffre d’affaires est resté inférieur à cette limite pendant trois exercices consécutifs.
Les chiffres d’affaires limites prévus ci-dessus sont ajustés au prorata du temps d’exploitation, pour les contribuables qui commencent ou cessent leurs activités en cours d’année.
Les contribuables concernés par ladite taxe sont tenus de souscrire au plus tard le 15 janvier de chaque année, leur déclaration au moyen d’un imprimé conforme au modèle prescrit par l’Administration.
La taxe d’Etat de l’entreprenant est assise sur le chiffre d’affaires annuel toutes taxes comprises réalisé par le contribuable ou sur le chiffre d’affaires prévisionnel déclaré.
Le taux de la taxe est fixé à 5 %. Pour les contribuables exerçant des activités de commerce ou de négoce, ce taux est ramené à 4 %. Ces taux sont réduits de moitié en cas d’adhésion du contribuable à un Centre de Gestion agréé (CGA).
Les contribuables sont tenus d’effectuer spontanément auprès de la recette des Impôts du lieu d’exercice de leur activité avant le 10 du mois, un versement égal au 1/12ème du montant de leur taxe annuelle exigible.
B. REGIME DES MICROENTREPRISES (RME)
L’impôt des microentreprises est prévu par les articles 71 bis et suivants du Code général des Impôts.
La cotisation due au titre de l’impôt des microentreprises est libératoire des autres impôts et taxes, à l’exclusion de l’impôt sur les traitements, salaires, pensions et rentes viagères (ITS) aussi bien à la charge des salariés que de l’employeur, de l’acompte d’impôt sur le revenu du secteur informel (AIRSI), du prélèvement à la source sur les paiements faits aux prestataires de services du secteur informel, de la retenue à la source sur les sommes mises en paiement par le Trésor public et des impôts de tiers.
La gestion des redevables du régime des microentreprises relève de la compétence des services de la Direction générale des Impôts.
Aux termes des dispositions de l’article 71 bis du CGI, sont soumises à l’impôt des microentreprises, les personnes physiques ou morales dont le chiffre d’affaires annuel, toutes taxes incluses, est compris entre 50 000 001 francs et 200 000 000 de francs. Les contribuables visés sont tenus de souscrire au plus tard le 15 janvier de chaque année leur déclaration au moyen d’un imprimé conforme au modèle prescrit par l’Administration.
L’impôt des microentreprises est assis sur le chiffre d’affaires annuel toutes taxes comprises réalisé par le contribuable. Le taux de la taxe est fixé à 6 %. Le chiffre d’affaires s’entend de l’ensemble des recettes et produits acquis dans le cadre de l’exercice de l’activité, y compris toutes les sommes provenant des activités annexes et accessoires ou de la gestion de l’actif commercial, quelle que soit leur situation fiscale au regard des taxes sur le chiffre d’affaires.
Pour les adhérents des Centres de Gestion agréés (CGA) et les contribuables dont le suivi comptable est assuré par des experts-comptables inscrits au tableau de l’Ordre des Experts-Comptables agréés de Côte d’Ivoire avec qui la Direction générale des Impôts a signé une convention, ce taux est ramené à 4 %. Le bénéfice de cet avantage est subordonné, pour les entreprises immatriculées au fichier de la Direction générale des Impôts, à l’adhésion à un Centre de Gestion agréé ou à un cabinet d’expert-comptable inscrit au tableau de l’Ordre des Experts-Comptables agréés de Côte d’Ivoire avec qui la Direction générale des Impôts a signé une convention, au plus tard le 31 janvier de l’année en cours.
Pour les nouvelles immatriculations, le bénéfice de cet avantage est subordonné à l’adhésion à un Centre de Gestion agréé ou à un cabinet d’expert-comptable inscrit au tableau de l’Ordre des Experts-Comptables agréés de Côte d’Ivoire avec qui la Direction générale des Impôts a signé une convention, dans un délai de trente (30) jours à compter de la date de réception de la déclaration fiscale d’existence.
L’impôt correspondant à la réduction de taux devient exigible, sans préjudice de l’application des sanctions prévues par le Livre de Procédures fiscales, si au cours des trois (03) premières années d’adhésion, l’adhérent cesse volontairement d’appartenir au Centre de Gestion agréé ou au cabinet d’expert-comptable inscrit au tableau de l’Ordre des Experts-Comptables agréés de Côte d’Ivoire avec qui la Direction générale des Impôts a signé une convention.
C. REGIME DU REEL SIMPLIFIE D’IMPOSITION (RSI)
Le régime du bénéfice réel simplifié ou régime du réel simplifié d’imposition (RSI) s’applique aux personnes physiques ou morales dont le chiffre d’affaires annuel, toutes taxes incluses, est compris entre 200 000 001 francs et 500 millions de francs (Article 45 du CGI). Les personnes physiques ou morales dont le chiffre d’affaires s’abaisse en dessous de la limite de 200 000 001 francs, ne sont soumises au régime de l’impôt des microentreprises, sauf option pour le régime simplifié d’imposition, que lorsque leur chiffre d’affaires est resté inférieur à cette limite pendant trois (03) exercices consécutifs.
Le chiffre d’affaires limite compris entre 200 000 001 francs et 500 millions de francs est ajusté au prorata du temps d’exploitation pour les contribuables qui commencent ou cessent leurs activités en cours d’année.
D. REGIME DU REEL NORMAL D’IMPOSITION (RNI)
Le régime du bénéfice réel normal ou régime réel normal d’imposition est un régime qui s’applique aux entreprises dont le chiffre d’affaires annuel, toutes taxes incluses, excède 500 millions de francs. (Article 34 du CGI).
Les entreprises dont le chiffre d’affaires s’abaisse en dessous de la limite prévue au paragraphe ci-dessus, ne sont soumises au régime du bénéfice réel simplifié, ou le cas échéant, au régime de la taxe d’Etat de l’entreprenant, que lorsque leur chiffre d’affaires est resté inférieur à cette limite pendant trois (03) exercices consécutifs.
Le chiffre d’affaires de 500 millions de francs est ajusté au prorata du temps d’exploitation pour les entreprises qui commencent ou cessent leurs activités en cours d’année.
Pour vos besoins en la matière, veuillez contacter le Cabinet LDJ SARL : Contacts : (+225) 27 23 23 21 64 / 01 52 90 45 19 / 05 96 11 90 94 / 07 05 06 67 04 (WhatsApp)
Luc KOUASSI
Juriste Consultant Bilingue | Formateur | Spécialiste en rédaction de contrats, d’actes extrajudiciaires, d’articles juridiques et des questions relatives au droit du travail | Politiste | Bénévole humanitaire