Dans le monde du travail, tout ne dépend pas toujours de la volonté du salarié ou de l’employeur. Il arrive parfois que des circonstances extérieures, économiques ou structurelles, contraignent l’entreprise à se séparer d’un ou de plusieurs employés. C’est dans ces cas que l’on parle de licenciement pour motif économique.
Mais qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Comment cela se passe-t-il ? Est-ce légal ? Quelles sont les obligations de l’employeur ? Et quels sont les droits du travailleur concerné ? Autant de questions importantes, auxquelles nous allons répondre dans cet article, dans un langage simple, pour que tout le monde même ceux qui n’ont jamais fait de droit puisse comprendre.
I. Le licenciement pour motif économique : de quoi s’agit-il exactement ?
Le licenciement pour motif économique est un type particulier de licenciement. Il ne repose ni sur une faute du salarié, ni sur une insuffisance professionnelle, ni sur un comportement inadapté. Il est lié à la situation de l’entreprise. Autrement dit, ce licenciement a lieu quand l’entreprise est obligée de supprimer ou de transformer un ou plusieurs emplois, parce qu’elle traverse une période difficile, ou qu’elle doit s’adapter à de nouvelles conditions de travail. Cela peut être causé par :
- Des mutations technologiques (par exemple, une machine remplace un employé) ;
- Une restructuration de l’entreprise (fusion, fermeture d’un service, réduction d’activité, etc.) ;
- De graves difficultés économiques (perte de clients, baisse de chiffre d’affaires, endettement, guerre, crise sanitaire ou politique…) ;
- Ou tout autre facteur susceptible de menacer la survie de l’entreprise ou son équilibre financier.
Prenons deux exemples concrets :
- Une société de commerce implantée à l’ouest du pays voit ses ventes chuter drastiquement à cause d’un conflit armé dans la région. Faute de revenus suffisants, elle décide de supprimer plusieurs postes.
- Un restaurateur à Abidjan, à cause d’un couvre-feu imposé à 20 heures, ne peut plus faire fonctionner son restaurant comme avant. Les charges restent les mêmes, les recettes diminuent. Il décide de licencier une partie de son personnel.
Dans ces deux cas, il ne s’agit pas d’un caprice de l’employeur. Ce sont des décisions douloureuses, prises dans le but de sauver l’activité.
II. Un cadre juridique strictement encadré par le Code du Travail Ivoirien
En droit ivoirien, le licenciement pour motif économique est prévu et encadré par la loi, notamment à travers les articles 18.10 à 18.13 du Code du Travail, ainsi que l’article 38 de la Convention Collective Interprofessionnelle (CCI).
La loi reconnaît donc la légitimité de ce licenciement, mais à une condition essentielle : que l’employeur respecte scrupuleusement une procédure précise, surtout quand plusieurs travailleurs sont concernés.
III. Quelle est la procédure à suivre pour un licenciement économique ?
A) Quand un seul salarié est concerné
Si l’entreprise décide de licencier un seul salarié pour motif économique, elle suit la procédure classique prévue pour tout licenciement individuel. Cela signifie : convocation, entretien, notification écrite du licenciement, préavis, paiement des droits légaux, etc.
B) Quand deux salariés ou plus sont concernés : le licenciement collectif
Dès que deux travailleurs ou plus sont concernés, la loi parle de licenciement collectif pour motif économique, et là, les règles sont bien plus strictes. Voici les étapes à respecter :
1. Préparation du dossier par l’employeur
L’employeur doit constituer un dossier complet contenant :
- Les raisons précises du licenciement économique envisagé ;
- Les critères choisis pour désigner les salariés concernés (ancienneté, compétence, charges familiales, etc.) ;
- La liste nominative des salariés à licencier ;
- Et la date prévue du licenciement.
Ce dossier doit être transmis au moins 8 jours avant toute réunion aux délégués du personnel et à l’inspecteur du travail.
2. Réunion d’information et de concertation
Une réunion officielle doit être organisée par le chef d’entreprise, en présence :
- Des délégués du personnel ;
- Éventuellement de la représentation syndicale ;
- Et surtout de l’inspecteur du travail.
Lors de cette réunion, l’employeur doit expliquer les causes du licenciement et répondre aux questions ou préoccupations des représentants des salariés.
3. Rédaction d’un procès-verbal
À l’issue de la réunion, un procès-verbal est établi. Il doit être signé par toutes les parties, y compris l’inspecteur du travail. Ce document prouve que la procédure légale a bien été respectée.
4. Transmission de la liste à l’Agence Emploi Jeune (AEJ)
Enfin, la liste des salariés licenciés doit être transmise à l’Agence Emploi Jeune, afin que celle-ci accompagne les travailleurs dans leur réinsertion professionnelle.
IV. Quels sont les critères que l’employeur doit respecter pour choisir qui licencier ?
L’employeur ne peut pas désigner arbitrairement les salariés à licencier. Il doit respecter des critères objectifs, notamment :
- Les aptitudes professionnelles de chacun ;
- Leur ancienneté dans l’entreprise ;
- Éventuellement leur situation familiale ou sociale.
Il s’agit d’éviter toute forme d’injustice ou de favoritisme.
V. Que se passe-t-il si la procédure n’est pas respectée ?
Si l’employeur ne suit pas cette procédure, alors le licenciement est considéré comme abusif, même si les raisons économiques sont valables.
Dans ce cas, le salarié concerné pourra saisir le tribunal et réclamer des dommages-intérêts, en plus du paiement des droits légaux dus (préavis, indemnité de licenciement, congés payés, etc.).
VI. Que doit retenir le travailleur concerné par un licenciement économique ?
Un travailleur licencié pour raison économique doit savoir qu’il n’a rien à se reprocher. Ce n’est ni une punition, ni un jugement sur ses compétences. Il est victime d’un contexte difficile.
Mais il a droit à :
- Une procédure claire et transparente ;
- Une indemnisation juste ;
- Et un accompagnement pour se relancer, grâce à l’Agence Emploi Jeune notamment.
VII. Conclusion
Le licenciement pour motif économique, bien qu’il soit légal, n’est pas une décision banale. Il est soumis à des règles strictes, destinées à protéger les droits des travailleurs tout en permettant aux entreprises de survivre en temps de crise.
Employeurs comme salariés doivent bien connaître ces règles pour éviter les abus, garantir la transparence, et préserver la paix sociale dans le monde du travail.
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Luc KOUASSI
Juriste Consultant Bilingue | Formateur | Spécialiste en rédaction de contrats, d’actes extrajudiciaires, d’articles juridiques et des questions relatives au droit du travail | Politiste | Bénévole humanitaire.