Lorsqu’une personne fait une offre, c’est-à-dire propose de conclure un contrat à certaines conditions (prix, objet, délai…), elle s’engage à maintenir cette proposition pendant un certain temps. Autrement dit, elle donne à son destinataire la possibilité d’accepter cette offre et de former un contrat. Mais cette possibilité n’est pas éternelle : elle est limitée dans le temps.
Il existe donc une règle importante : une offre doit être maintenue pendant un certain délai, qui peut être soit clairement indiqué dans l’offre, soit, s’il n’a pas été précisé, déterminé par ce que l’on appelle un « délai raisonnable ». Ce délai raisonnable dépend du contexte, de la nature de l’opération, des usages du secteur, etc.
Cependant, si l’auteur de l’offre retire sa proposition trop tôt, c’est-à-dire avant la fin du délai qu’il avait prévu ou avant que le délai raisonnable ne soit écoulé, il ne respecte pas ses engagements. Cette attitude peut lui coûter cher. En effet, le destinataire évincé injustement peut demander réparation du préjudice subi, notamment s’il avait déjà pris des dispositions (par exemple : engagé des frais, refusé d’autres offres, fait des démarches…).
I. Conseil
Avant de faire une offre, il est crucial de réfléchir au temps pendant lequel vous êtes prêt à attendre une réponse. Si vous ne fixez aucun délai, la loi vous oblige malgré tout à patienter un « certain temps », dont la durée sera appréciée par un juge si un litige survient. Cela signifie que vous risquez de rester « coincé » par votre offre plus longtemps que vous ne le souhaitez.
Pour éviter toute ambiguïté ou malentendu, le mieux est d’indiquer un délai clair et précis dans votre offre (par exemple : « valable jusqu’au 10 mai à 18h », ou « valable pendant 5 jours »). Ainsi, vous vous protégez contre toute mauvaise surprise. Si jamais le juge est saisi, il devra respecter ce délai et ne pourra pas en imposer un autre.
II. Exposé du cas
M. CHELOU, qui réside à l’intérieur du pays, souhaite s’installer à Abidjan pour des raisons professionnelles. Pour cela, il commence à chercher un studio à louer. Il contacte plusieurs propriétaires.
Quelques jours plus tard, le 1er juin 2018, Mme PROPRIO lui fait une proposition claire : elle lui propose de louer un studio pour un loyer mensuel de 350 000 FCFA, avec une entrée dans les lieux prévue le 16 juin. Cette offre est sérieuse, précise et contient toutes les informations nécessaires à la conclusion du contrat.
Dans son courrier, Mme PROPRIO insiste sur un point important : elle est pressée de louer, et elle informe M. CHELOU qu’il dispose d’un délai de 15 jours pour lui répondre. Passé ce délai, elle se réserve le droit de proposer le logement à d’autres personnes, car elle dit avoir de nombreuses demandes.
M. CHELOU, surpris par le montant du loyer, décide de prendre un peu de temps pour réfléchir. Pendant qu’il prépare sa réponse, le 14 juin, soit deux jours avant l’échéance du délai fixé, il reçoit une lettre recommandée de Mme PROPRIO. Celle-ci lui annonce qu’elle vient de louer l’appartement à une amie et que le bien n’est plus disponible.
Or, entre-temps, M. CHELOU avait versé des arrhes à une société de déménagement, pensant que l’affaire allait être conclue. Furieux et déçu, il appelle Mme PROPRIO pour exprimer son mécontentement. Cette dernière, avec un ton désinvolte, lui rappelle qu’elle avait demandé une réponse rapide, et que comme il ne s’était pas manifesté plus tôt, elle a pris ses dispositions.
III. Analyse juridique
La situation décrite ici est fréquente dans la pratique, et elle soulève une question juridique importante : Mme PROPRIO avait-elle le droit de retirer son offre avant la fin du délai qu’elle avait elle-même fixé ?
En droit, la réponse est non.
La règle est la suivante : lorsqu’un auteur d’offre fixe un délai précis pour obtenir une réponse, il s’engage à ne pas revenir sur sa proposition avant l’expiration de ce délai. La loi (notamment l’article 1116 du Code civil français) prévoit que toute révocation prématurée est irrégulière.
Dans notre exemple, Mme PROPRIO avait donné à M. CHELOU 15 jours pour accepter ou refuser son offre. Elle a rompu cet engagement au bout de 13 jours, avant l’expiration du délai, en louant le bien à une autre personne. C’est donc une faute de sa part.
Même si elle pense avoir agi raisonnablement, son appréciation du « temps raisonnable » n’a aucune importance, puisque le délai qu’elle avait elle-même indiqué doit primer sur tout autre critère. Elle avait contractuellement lié ses mains, et ne pouvait plus se désengager aussi facilement.
En conséquence, M. CHELOU peut saisir la justice et demander des dommages-intérêts pour le préjudice subi. En l’espèce, il a perdu l’argent versé au déménageur, ce qui constitue un dommage réel et justifiable. Si le juge reconnaît la faute de Mme PROPRIO, elle pourrait être condamnée à lui verser une indemnité, sur le fondement de la responsabilité civile extracontractuelle.
IV. À retenir
- Faire une offre engage son auteur, même si aucun contrat n’a encore été signé.
- On ne peut pas retirer son offre avant la fin du délai qu’on a soi-même prévu, sauf si le destinataire a clairement refusé.
- En cas de retrait anticipé, l’auteur de l’offre peut être condamné à indemniser le destinataire lésé, même si le contrat n’a jamais été conclu.
- Pour éviter ce genre de désagrément, il est essentiel de réfléchir avant de formuler une offre, et surtout, de respecter les délais que l’on fixe.
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Luc KOUASSI
Juriste Consultant Bilingue | Formateur | Spécialiste en rédaction de contrats, d’actes extrajudiciaires, d’articles juridiques et des questions relatives au droit du travail | Politiste | Bénévole humanitaire.