La procédure d’expulsion d’un locataire en Côte d’Ivoire, notamment en cas de loyers impayés, est strictement encadrée par la loi. La récente loi n° 2025-221 du 28 mars 2025 a introduit des modifications significatives visant à clarifier et à accélérer cette procédure, tout en garantissant les droits des deux parties.
En effet, l’expulsion d’un locataire ne peut être entreprise sans respecter une procédure légale précise. Cette procédure vise à protéger les droits du locataire tout en permettant au propriétaire de récupérer son bien en cas de manquement aux obligations contractuelles, notamment le non-paiement du loyer.
I. Étape 1 : Obtention d’une décision de justice (titre exécutoire)
Avant toute action d’expulsion, le propriétaire doit obtenir une décision de justice ordonnant l’expulsion du locataire. Cette décision constitue le « titre exécutoire » nécessaire pour engager la procédure.
- Saisine du juge des référés : En cas de manquement du locataire à ses obligations, le propriétaire peut saisir le juge des référés pour demander l’expulsion. La loi prévoit que le juge statue dans un délai maximal de quinze (15) jours à compter de la saisine.
- Exemple concret : Monsieur K., propriétaire d’un appartement à Abidjan, constate que son locataire, Monsieur L., n’a pas payé son loyer depuis trois mois. Après plusieurs relances infructueuses, il saisit le juge des référés pour demander l’expulsion de Monsieur L. Le juge, après examen du dossier, rend une décision ordonnant l’expulsion dans un délai de quinze jours.
II. Étape 2 : Signification de la décision et commandement de libérer les lieux
Une fois la décision de justice obtenue, elle doit être signifiée au locataire par un commissaire de justice (anciennement huissier). Cette signification est accompagnée d’un « commandement d’avoir à libérer les locaux ».
- Contenu du commandement : Le commandement doit obligatoirement contenir :
- L’indication du titre exécutoire (la décision de justice).
- La désignation de la juridiction compétente pour les demandes de délai de grâce ou les contestations.
- La date à laquelle les locaux devront être libérés (avec un délai minimal de huit (8) jours).
- Un avertissement indiquant qu’à partir de cette date, l’expulsion forcée pourra avoir lieu.
- Exemple concret : Suite à la décision de justice, le commissaire de justice se rend chez Monsieur L. pour lui signifier la décision et le commandement de libérer les lieux. Le document indique que Monsieur L. dispose de huit jours pour quitter l’appartement, faute de quoi une expulsion forcée sera engagée.
III. Étape 3 : Exécution de la décision de justice
Si le locataire ne quitte pas les lieux à l’issue du délai imparti, le commissaire de justice procède à l’expulsion.
- Intervention de la force publique : Si le locataire refuse de quitter les lieux ou empêche l’accès au logement, le commissaire de justice peut requérir l’assistance de la force publique pour procéder à l’expulsion. Un procès-verbal est alors dressé, mentionnant l’intervention et les éventuelles difficultés rencontrées.
- Exemple concret : Monsieur L. n’ayant pas quitté l’appartement après le délai de huit jours, le commissaire de justice, accompagné de la police, se rend sur place pour procéder à l’expulsion. Les portes étant verrouillées, la police intervient pour permettre l’accès, et un procès-verbal est établi pour consigner l’opération.
- Reprise des lieux en cas de départ volontaire : Si le locataire quitte volontairement les lieux dans le délai imparti, le commissaire de justice dresse un procès-verbal de reprise des lieux. Ce document atteste que le logement a été libéré et peut être réoccupé ou reloué par le propriétaire.
- Exemple concret : Avant l’expiration du délai de huit jours, Monsieur L. décide de quitter l’appartement. Le commissaire de justice constate la libération des lieux et établit un procès-verbal de reprise, permettant à Monsieur K. de récupérer son bien sans recourir à une expulsion forcée.
- Sanctions en cas de réinstallation illégale : La réinstallation sans titre du locataire expulsé (ou de tout occupant de son chef) dans les mêmes locaux est un délit. Une telle personne peut être pénalement sanctionnée, et une nouvelle expulsion peut être engagée à tout moment et à ses frais.
Conclusion : Une procédure à suivre scrupuleusement
La procédure d’expulsion en Côte d’Ivoire, renforcée par la Loi n° 2025-221 du 28 mars 2025, vise à équilibrer les droits des propriétaires et des locataires. Elle impose des étapes précises et des délais stricts pour garantir une exécution conforme au droit. Il est impératif pour les propriétaires de suivre cette procédure rigoureusement et, en cas de doute, de consulter un professionnel du droit pour éviter tout litige ou sanction.
Base légale : Articles 1 à 6 et 11 à 13 de la Loi n° 2025-221 du 28 mars 2025 portant sur les procédures applicables au contentieux relatif au bail à usage d’habitation ainsi qu’à l’exécution des décisions d’expulsion d’immeubles.
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Luc KOUASSI
Juriste Consultant Bilingue | Formateur | Spécialiste en rédaction de contrats, d’actes extrajudiciaires, d’articles juridiques et des questions relatives au droit du travail | Politiste | Bénévole humanitaire.