Le vendredi 29 novembre 2024, à 19h GMT, nous avons eu l’honneur de clôturer une présentation mémorable organisée par le Cabinet LDJ SARL. Cet événement, tenu en ligne via Google Meet, a été animé par M. Emmanuel Krasso, juriste en institution de microfinance, et modéré avec brio par Mlle Ruth Abry, stagiaire au sein de notre cabinet.
Le thème abordé, « La lutte contre l’érosion de la base d’imposition en droit ivoirien », s’est révélé d’une importance capitale, non seulement pour les fiscalistes, mais également pour tous les acteurs économiques soucieux d’une justice fiscale et d’un développement durable.
Les principaux points abordés
- Le plan d’action contre l’érosion de la base d’imposition
M. Krasso a présenté les différentes actions nécessaires pour renforcer la lutte contre l’érosion de la base d’imposition, en s’appuyant notamment sur les propositions de l’initiative internationale BEPS (Base Erosion and Profit Shifting). Parmi les actions prioritaires identifiées, il a mentionné :
- La prise en compte des défis fiscaux liés à l’économie numérique, un secteur en pleine croissance mais encore insuffisamment régulé fiscalement.
- La neutralisation des montages hybrides, qui exploitent les divergences entre les systèmes fiscaux pour échapper à l’imposition.
- Le renforcement des règles relatives aux Sociétés Étrangères Contrôlées (SEC).
- La limitation des déductions d’intérêts et autres frais financiers, souvent utilisés comme moyens d’évasion fiscale.
- La lutte contre les pratiques fiscales dommageables, en mettant l’accent sur la transparence et la substance économique des transactions.
2. Le défaut de rationalité du système fiscal ivoirien
L’intervenant a également mis en lumière les failles du système fiscal ivoirien, notamment l’octroi disproportionné d’avantages fiscaux sous forme d’exonérations, souvent dans un objectif de politique économique. Voici quelques chiffres marquants :
- Entre 2020 et 2022, les exonérations de TVA ont représenté une perte de 78 milliards FCFA pour l’État ivoirien.
- En 2023, les exonérations accordées aux Centres de Gestion Agréés (CGA) ont atteint 50 milliards FCFA.
- Le coût global des dépenses fiscales en 2020 a été évalué à 326,8 milliards FCFA, une tendance en hausse constante. Parmi ces dépenses, les exonérations relatives au BIC (Bénéfice Industriel et Commercial) bénéficiaient à 2790 entreprises en 2020.
Ces chiffres interrogent sur l’efficacité de ces politiques d’exonération et sur leur impact réel sur le développement économique et social du pays.
3. La non-tropicalisation des normes fiscales
Un autre point essentiel abordé a été le manque d’adaptation des normes fiscales internationales aux réalités africaines, notamment ivoiriennes. Les propositions BEPS, élaborées principalement pour les pays développés, ne prennent pas suffisamment en compte les spécificités des économies émergentes.
M. Krasso a plaidé pour une application contextuelle et pragmatique des normes fiscales, afin d’éviter des effets contraires, tels qu’un alourdissement inutile des charges fiscales pour les entreprises locales. L’objectif serait de bâtir un système fiscal qui soit à la fois équitable, compétitif et adapté aux réalités ivoiriennes.
Remerciements et conclusion
Nous tenons à exprimer nos sincères remerciements à M. Emmanuel Krasso pour la richesse de ses analyses et la clarté de ses explications. Nous remercions également chaleureusement tous les participants pour leur présence, leur engagement et leurs contributions qui ont enrichi les échanges.
Cet événement a marqué une étape importante dans la réflexion autour d’une fiscalité plus juste et plus adaptée aux réalités ivoiriennes. Nous espérons que ces discussions serviront de base à des réformes concrètes pour renforcer la justice fiscale et soutenir le développement économique du pays.
Rendez-vous pour nos prochains événements, toujours plus enrichissants et constructifs !