Tout d’abord, il faut rappeler que les réseaux sociaux sont des services en ligne qui permettent aux utilisateurs de créer et de partager des contenus personnels, tels que des photos, des vidéos, des opinions, des informations, etc. Ces contenus peuvent être accessibles à un public plus ou moins large, selon les paramètres de confidentialité choisis par les utilisateurs. Les réseaux sociaux offrent ainsi des opportunités de communication, d’expression, de divertissement, de socialisation, de participation, etc. Mais ils présentent aussi des risques pour la protection de la vie privée des utilisateurs, qui peuvent être exposés à des atteintes à leur image, à leur réputation, à leur identité, à leurs données personnelles, etc.
En Côte d’Ivoire, le droit positif ivoirien est l’ensemble des normes juridiques en vigueur dans le pays, qui sont issues de différentes sources, telles que la Constitution, les lois, les règlements, les traités internationaux, la jurisprudence, la coutume, etc. Le droit positif ivoirien reconnaît et protège le droit au respect de la vie privée, qui est un droit fondamental de la personne humaine. Ce droit est notamment consacré par l’article 22 de la Constitution ivoirienne de 2016, qui dispose que « toute personne a droit au respect de sa dignité, de son intimité, de sa vie privée et familiale, de son domicile, de sa correspondance et de ses communications ». Le droit au respect de la vie privée est également garanti par des textes internationaux ratifiés par la Côte d’Ivoire, tels que la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966, la Convention africaine des droits de l’homme et des peuples de 1981, etc.
Le droit positif ivoirien prévoit également des règles spécifiques pour encadrer l’utilisation des réseaux sociaux et prévenir les atteintes à la vie privée qui peuvent en découler. Par exemple, la loi n°2013-450 du 19 juin 2013 relative à la protection des données à caractère personnel définit les principes et les modalités de collecte, de traitement, de conservation, de transfert et de communication des données à caractère personnel, qui sont toutes les informations relatives à une personne physique identifiée ou identifiable. Cette loi crée également une autorité administrative indépendante, la Commission de l’informatique et des libertés (CIL), chargée de veiller au respect de la loi et de sanctionner les manquements. La loi n°2013-451 du 19 juin 2013 portant réglementation des communications électroniques définit quant à elle les droits et les obligations des opérateurs, des fournisseurs de services et des utilisateurs des réseaux et services de communications électroniques, qui comprennent les réseaux sociaux. Cette loi confie également à la CIL le pouvoir de contrôler et de sanctionner les atteintes à la vie privée commises par le biais des communications électroniques. Enfin, la loi n°2016-886 du 8 novembre 2016 portant code pénal réprime les infractions pénales liées aux réseaux sociaux, telles que l’usurpation d’identité, la diffamation, l’injure, l’incitation à la haine, l’atteinte à la sécurité de l’État, etc.
L’impact des réseaux sociaux sur la protection de la vie privée selon le droit positif ivoirien dépend donc de plusieurs facteurs, tels que le type de contenu partagé, le public visé, le consentement des personnes concernées, le respect des règles légales, l’efficacité des autorités de contrôle et de sanction, etc. Il n’existe pas de réponse universelle à cette question, mais il est possible de dégager quelques tendances générales.
D’une part, les réseaux sociaux peuvent avoir un impact positif sur la protection de la vie privée, en permettant aux utilisateurs de contrôler l’accès à leurs contenus, de choisir les personnes avec qui ils interagissent, de s’informer sur leurs droits, de signaler les abus, de se défendre en cas d’atteinte, etc. Les réseaux sociaux peuvent également favoriser la promotion et la défense des droits de l’homme, en offrant un espace de débat, de mobilisation, de sensibilisation, de dénonciation, etc.
D’autre part, les réseaux sociaux peuvent avoir un impact négatif sur la protection de la vie privée, en exposant les utilisateurs à des risques de divulgation, de détournement, de manipulation, de surveillance, de harcèlement, de cybercriminalité, etc. Les réseaux sociaux peuvent également porter atteinte aux droits et aux libertés d’autrui, en diffusant des contenus illicites, mensongers, injurieux, diffamatoires, haineux, violents, etc.
En conclusion, les réseaux sociaux sont à la fois une opportunité et un défi pour la protection de la vie privée selon le droit positif ivoirien. Il appartient aux utilisateurs, aux acteurs des réseaux sociaux, aux autorités publiques et à la société civile de trouver le juste équilibre entre la liberté d’expression et le respect de la vie privée, en tenant compte des spécificités culturelles, sociales, politiques et juridiques de la Côte d’Ivoire.
Références :
(1) Droit à la preuve, protection de la vie privée et réseaux sociaux. https://shs.hal.science/halshs-03102562.
(2) LES RESEAUX SOCIAUX ET LES ATTEINTES A LA VIE PRIVEE … – Légavox. https://www.legavox.fr/blog/maitre-haddad-sabine/reseaux-sociaux-atteintes-privee-fondements-6892.htm.
(3) Droit des réseaux sociaux : que dit la loi – Justifit.fr. https://www.justifit.fr/b/guides/droit-propriete-intellectuelle/droit-des-reseaux-sociaux-que-dit-la-loi/.
(4) Protection de la vie privée sur les réseaux sociaux. https://www.iprotego.com/protection-reseaux-sociaux/.
Par Luc KOUASSI, Juriste, Politiste, rédacteur de contenus